Exposition Irlande Du Nord : Gilles Caron & Stephen Dock à Chalon sur Saone le 14 mai 2022

Samedi 14 mai 2022

20h00

Musée Nicéphore Niépce Musée Nicéphore Niépce

Plus d'infos sur l'exposition Irlande Du Nord : Gilles Caron & Stephen Dock à Chalon sur Saone

L'exposition Irlande Du Nord : Gilles Caron & Stephen Dock a lieu dans le cadre de la Nuit des musées à Chalon sur Saone 2022.

À partir de 10 ans.

Gilles Caron, Irlande du Nord - 1969

Le 12 août 1969, les Apprentices Boys de Derry, protestants unionistes de l'ordre d'Orange, défilent près du quartier ouvrier et catholique, défiant la population. La bataille du Bogside éclate, c'est le début des « Troubles » en Irlande du Nord. Les nationalistes ripostent par des jets de pierres et des cocktails Molotov aux gaz lacrymogènes et véhicules blindés des forces de l'ordre britanniques. Deux jours plus tard, tandis que d'autres émeutes éclatent dans le pays, l'armée britannique tente de s'interposer. Ces événements marquent le début d'une guerre civile qui durera près de trente ans.

Gilles Caron est à Derry le 12 août, il couvre le défilé orangiste pour le compte de l'agence Gamma. Il pressent la montée de violence et une fois sur place, en comprend très rapidement les enjeux.

Des premières prises de vues du cortège défilant en musique, aux premiers jets de pierres, Gilles Caron enregistre la tension monter. Très vite, les forces de l'ordre qui font face aux civils semblent dépassées et la ville se transforme en champ de bataille. Gilles Caron qui connait les conflits armés (il a couvert la guerre des Six jours, le Vietnam, le Biafra) témoigne de ce basculement. Sous son objectif, on découvre un pays en guerre.

Au-delà du fait d'être le « premier » sur place, le travail de Gilles Caron se distingue par une grande modernité de l'approche photographique. Très mobile, il change constamment de point de vue : champ, contre-champ, du haut d'un immeuble, au coin d'une ruelle ; dans un camp, puis dans l'autre. Le photographe se rapproche de la scène, il va, vient, et s'arrête à l'endroit stratégique. Il semble même parfois précéder les événements.

En quatre jours, soixante-deux films noir et blanc et près de trois cents vues couleurs, Gilles Caron réalise l'un de ses plus grands reportages ; un témoignage unique de ce tournant de l'Histoire. L'exposition propose aux visiteurs de découvrir ce travail, au-delà des images iconiques publiées à l'époque dans la presse. Elle présente un ensemble de soixante-dix photographies, tirages vintages et modernes, ainsi que des reproductions agrandies de planche-contacts éclairant le travail du photographe.

Stephen Dock, Our day will come

Our day will come. Ce slogan populaire des républicains d'Irlande du Nord évoque à la fois l'espoir de liberté et l'envie de vaincre la communauté adverse. Mais ces mots ne peuvent se lire sans penser au jour de notre mort.

Stephen Dock s'est formé très tôt au photojournalisme. En 2008, âgé d'à peine vingt ans, il veut saisir l'événement. Pour informer, il colle à l'actualité au plus près du danger. Syrie, Palestine, Mali, Irak... Son terrain de prédilection est la zone de guerre ; le conflit, son quotidien. Mais très vite, face à sa position de témoin impuissant et aux limites de la photographie, Stephen Dock remet en question sa pratique : son attrait pour les champs de bataille traduit au fond une souffrance intime, un conflit intérieur. À travers ses reportages sourd une réflexion sur sa propre condition : une incapacité du photographe à vivre en paix. Il emprunte une nouvelle voie. Dans ses séries, désormais, le noir et blanc et la couleur coexistent, les détails sont agrandis, le recadrage est possible. L'écriture est plus poétique, l'approche plus personnelle. Avec la photographie on peut parler du monde et parler de soi. Le dehors et le dedans ne sont jamais détachés. Les mots de Gilles Peress à son égard « Toujours photographier de l'intérieur vers l'extérieur et non l'inverse » viennent affranchir son pas de côté.

2012, la Nouvelle IRA se forme en Irlande du Nord. Stephen Dock décide de se rendre à Belfast à l'occasion du centenaire du pacte d'Ulster célébré par les unionistes. La tension est palpable, cependant il ne se passe rien. L'heure des combats armés est révolue. Les accords de paix du Vendredi Saint mettant fin à trente ans de guerre civile ont été signés en 1998. Mais les âmes ne sont pas apaisées et les anciens belligérants cohabitent dans une paix fragile.

Dans un camp comme dans l'autre la violence, culturelle, sociale et politique, habite et hante les individus. Elle marque les visages des rescapés et des nouvelles générations.

D'une emprise plus forte encore que la violence physique, elle modèle les comportements, s'inscrit comme un invariant se transmettant de génération en génération. Si la haine entre les communautés a fa?onné l'identité nord-irlandaise elle a aussi durablement marqué le territoire. La vie s'est créée autour des « peace lines », les « murs de la paix », apparus après août 1969. Présents dans les villes, ils séparent les habitants d'un même quartier, parfois d'une même rue.

Les stigmates de la guerre sont partout. De larges fresques murales rendent hommages aux « héros », les messages peints avertissent le visiteur qu'il pénètre dans le fief des républicains ou des unionistes. Les murs parlent. Les tags marquent l'appartenance à des groupes dissidents, témoignent des soutiens aux emprisonnés, ou dénoncent le sentiment de colonisation ressenti : Brits out! ? « Les britanniques dehors ! ».

L'année est rythmée par les parades, marches et « bonfires », ces bûchers faits de palettes de bois qui peuvent mesurer jusqu'à trente mètres de haut, et sur lesquels on brûle le drapeau irlandais ou l'Union Jack. Chaque événement est éminemment politique et marque la partition. La division est profonde et elle affecte les moindres détails de la vie quotidienne. Alors, comment photographier ce conflit larvé qui oppose depuis des centaines d'années deux communautés ? Comment rendre compte en image d'une société aussi divisée ?

Pour répondre à ces questions Stephen Dock se rendra sur place en Irlande du Nord, pendant six ans, à raison de onze voyages. Le photographe regarde et tente de comprendre cette incapacité à trouver la paix qu'il a lui-même éprouvé. Il constitue un corpus photographique de matières et de signes extraits de l'environnement quotidien : portraits, détail d'architecture, scènes de rue... Les traces, parfois infimes, laissées par le conflit sont prélevées par le photographe pour les rendre visibles.

Site web : http://www.museeniepce.com

Infos réservation :

Entrée libre

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